La musique et toi ?
Simplement une passion.
Comment es-tu venu au mix ?
À Lausanne, j’ai d’abord été disc-jockey dans les boîtes de nuit, ensuite j’ai bossé en radio. Ma curiosité pour les machines m’a amené à m’intéresser au son stricto-sensu : je voulais savoir comment les ingénieurs arrivaient à restituer ces ambiances musicales que je trouvais et trouve encore démentes. J’ai suivi les cours de la School of Audio Engineering, la SAE Institute de Londres entre 1993 et 1995, études au sortir desquelles j’ai dégoté mon premier boulot d’assistant dans les prestigieux studios Davout.
Un référent au niveau du mix ?
J’achète des disques pace que j’aime découvrir, non pas pour écouter un mix. Sans vouloir insister, c’est la curiosité et le simple plaisir des accords qui m’animent. Cette conception de la musique me fournit de nombreuses références, je ne peux pas m’arrêter sur une seule parce que mon infidélité les aime toutes. Parallèlement à ça, j’accorde beaucoup d’importance au parcours de vie des personnalités qui constituent cette industrie comme Rick Rubin, Dr. Dre, Jack White, Rudi Van Gelder, précisément, pour leur éclectisme.
Le mix dans le Hip-hop ?
Le mix dans le Hip-hop a énormément évolué, les machines aussi. La modernisation s’est faite surtout dans la technique, et on ne peut plus comparer les beats d’hier avec ceux d’aujourd’hui, c’est incohérent. On ne peut pas mettre sur le même plan South Bronx de Boogie Down Production et So Far To Go de Common et D’Angelo. L’époque n’est plus la même, le flow n’est plus le même, la vibe n’est plus la même, le traitement du son suit juste cette logique.
Tes incontournables...
Les albums que je vous recommande ? Du jazz en passant par la soul et en terminant par de l’électronique, je dirais : John Coltrane and Johnny Hartman (John Coltrane and Johnny Hartman), Elephant (White Stripes), Caught Up/Still Caught Up (Millie Jackson), Homework (Daft Punk), Beats, Rhymes and Life (A Tribe Called Quest). Et puis aussi le titre My Kind Of Town (Franck Sinatra).
Les CDs sur lesquels tu as bossé...
Je ne me réjouis d’aucun des disques sur lesquels j’ai bossé parce que pour moi, c’est le début de la fin. À chaque mix, je me remets en question pour éviter de graviter autour de mon nombril. C’est le doute et l’adrénaline qui me nourrissent ; sur chaque projet, je dois faire mieux que sur le précédent.
Ton implication ?
Je dois toujours trouver un intérêt musical dans le projet, mon implication dépend surtout de ça. Ensuite la mission reste rigoureusement la même à chaque fois : il faut retranscrire entre deux enceintes ce que l’artiste a entre ses deux oreilles, sans perdre de vue que ce n’est pas ma musique mais la sienne. Je dois apprécier le projet, y adhérer et faire en sorte que l’artiste puisse l’assumer en sortant du studio.
Ta définition du mix :
C’est juste une question de vibes, de cultures et de « savoir où on veut aller ». L’objectif c’est mettre la technique au service de l’ambiance, de la musique.
Philippe Weiss est ingénieur du son freelance et directeur du futur studio RED ROOM à Suresnes, il travaille actuellement sur plusieurs albums dont le nôtre ; nous le remercions de s’être prêté à ce petit jeu entre deux séances.
www.philippeweiss.com
www.myspace.com/theroomstudio
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